Dois-tu encore ressentir la douleur aujourd'hui ?

Tu ne sais pas, tu as tout perdu d'une seconde à l'autre, tu es passée de l'autre côté de la brèche. Tu avais tenté le diable, à moins que ce soit toi le diable ? On t'avait attrapée dès la sortie, tu avais tout oubliée, ton nom, qui tu étais, ton âge, tout. Tu savais juste que de l'autre côté, dans l'autre monde, tu avais une sœur et qu'heureusement pour elle, elle n'avait pas franchi la brèche avec toi, du moins tu l'espères.

Tu avais été enfermée dans une cellule, tel un animal, un démon qui doit être contrôlé. On t'avait d'abord posé des questions, trop de questions auxquelles tu n'avais aucune réponse. Plus tard, tu aurais aimé pouvoir garder ta mémoire perdue dans la brèche. Plus tard, on a décidé de te torturer. On veut savoir comment marche un monstre, comment il peut guérir, comment il souffre. On fait malgré tout attention à ne pas trop couper, à ne rien sectionner de peur qu'une main ou une jambe se transforme en poussière. On avait encore besoin de toi pour expérimenter et analyser. Tu oublies ce qu'on te fait, tu oublies la notion du temps, tu n'es plus qu'un pantin inanimé.

Tu ne parles plus, tu as presque oublié à quoi tu ressemblais avant. On te force à prendre une forme humaine pour éviter tout problème en cas de contact avec le monde extérieur, les cobayes doivent rester secrets. Tu n'es pas seule, d'autres sont dans le même cas que toi, vous essayez de vous soutenir les peu de fois où vous pouvez vous croiser, vous essayez de trouver des techniques pour vous enfuir, ce n'est pas une vie ici.

Cela fait plusieurs jours que tu as cessé de manger tu crois, tu courais volontairement à ta perte pour les pousser à agir, ils n'en avaient pas encore fini avec toi, ils ne pouvaient pas se permettre de te laisser sombrer.

On t'envoie finalement à l'infirmerie pour soigner les blessures de ces dernières expériences, tu avais maigri, tu étais lamentable, des balafres rouge vif sur tout le corps.
On te laisse seule dans l'infirmerie, non sans pas surveiller derrière la porte, au cas où tu ferais une tentative de fuite ou autre. Tu restes silencieuse, attendant que l'infirmière s'occupe de ton cas,
misérable.