Sergei / ex n°1
2006 – St Pétersbourg

Une princesse russe sortie tout droit d’un livre pour enfant. J’ai cligné des yeux, une fois, deux fois. Non, elle était toujours là, à essayer laborieusement de faire rentrer une peluche en forme de pingouin dans son tout petit sac à dos rose à paillette. Ses courtes boucles presque blanches lui tombant devant les yeux. J’aurais pu l’aider, mais je crois qu’à 13 ans la galanterie, on ne connaît pas encore. Une minute, deux minutes, et elle s’entête. Ne voit-elle pas que cette énorme peluche ne rentrera donc jamais ? Je l’ai compris plus tard, Kirish n’est pas conventionnelle. Alors essayer de réaliser l’impossible, elle le fait sans aucune hésitation, aucune crainte.
L’échec, ça n’existe pas.  
Toute fière, elle est repartie dans les couloirs de l’école. Merde, le pingouin était rentré.

Honnêtement, je ne suis pas sûr de pouvoir être catégorisé comme un "ex ". Après tout, tout ce qu’on a fini par faire c’est de se tenir la main et d’échanger un baiser. C’était son premier. C’était mon premier. Et puis ça n’a pas duré : « Désolée Sergei, tu n’embrasses pas assez bien. »
Ça aussi je l’ai appris plus tard : Kirish ne s’embarrasse pas de non-dit et de tact. Kirish vous donne son cœur, mais le reprend quand elle le veut.
C’est peut-être de la rancœur, mais je crois qu’elle non plus elle n’embrassait pas si bien que ça...

Ren / ex n°2
2009 – Funky Town

Je ne l’ai pas remarqué tout de suite. Jeune fille de deux ans ma cadette, traînant devant mon casier -304- durant les pauses, me lançant de temps en temps un regard étincelant. Espérant sans doute que je lui adresse la parole. Timide, j’ai pensé. Un peu coincée. Lourde erreur. Une fois la conversation engagée, je n’ai pas pu l’arrêter. Comment pouvait-on parler autant, débattre de 5 sujets à la fois et ne jamais se perdre ? Je vous donnerez bien la réponse, mais même moi, je n’ai jamais compris.
Jeune fille aux élans d’affection prononcés, pour toucher et s’enivrer. Sensibilité corrompue, jusqu’à livrer ses émotions sur un plateau d’argent, peu consciente de sa naïveté.  Kirish était dans son monde, rêveuse et maladroite, incapable du moindre travail manuel quand l’objectif final ne l’intéressait pas. Dessiner un portrait ? Pour quoi faire ? Disséquer une grenouille durant les cours de biologie, ça elle savait faire. Scientifique jusqu’au bout des ongles, regardant en boucle les épisodes d’Enquête Criminel jusqu’à en oublier de dormir la nuit.
J’ai craqué pour sa naïveté enfantine, son sourire contagieux et son accent irrésistible, je l’avoue. Élève russe au lycée, il n’y en avait qu’une. Le monde avait beau avoir changé depuis l’apparition du Mikai et des monstres, Kirish était bien la seule à prendre tout ça sereinement. Avec envie. Comme si finalement, tout était prévu : la bourse de son grand frère pour aller étudier au Japon, son désir de le suivre malgré le refus de ses parents. Et les voila coupés du monde tous les deux, loin de leur pays natal et du reste de leur famille, ce qui n’avait pas vraiment l’air de déranger Kirish. Elle qui vivait pour la science, pour son frère, pour les mystères du monde et dorénavant pour le Mikai. Avoir un monstre pour animal de compagnie, et un autre attaché à une table ne l’aurait je suis sûr, pas dérangée le moins du monde.
On s’est amusés pendant un moment. Presque un an. Et puis il y a eu Kim. Beauté surnaturelle au regard sensuel, j’ai craqué. Ne m’en voulait pas s’il vous plaît, j’aimais sincèrement Kirish. Mais les peluches roses à moitié démembrées et les expérimentations sur les chatons, non merci.

Jason / ex n°3
2012 – Funky Town

Explosion de couleurs. Chatoyantes et chaotiques nuances de jaune canari, rose bonbon ou rouge passion. On la voit de loin, chaussée de ses inséparables Doc Martens, de dentelles et de bijoux parfois trop grand pour son petit visage. Tenues sans harmonie, attirant pourtant le regard des passants sans qu’elle le remarque. Mon regard. Jeune femme coincée entre deux époques, peut-être une centaine, choisissant de bannir le noir de sa garde-robe pour se concentrer sur le reste. Petit bout de femme ne dépassant pas les 1m55, enfermée dans son monde de bisounours un peu glauque sur les bords.
Râleuse professionnelle, un sourire et je lui pardonne tout. Charmante petite boule de piquants, douce et aimante. Mordante et rageuse. À s’entêter sans ne jamais rien lâcher. Découvrant le monde pour la millième fois, les étoiles dans les yeux. Je ne sais pas comment ça s’est fait. Un coup de foudre, une faveur du destin ? 6 mois après, nous étions fiancés.
Kirish ne demande pas de fleurs ou de chocolat. Kirish demande un vieux film d’horreur, une peluche ornithorynque et des boucles d’oreilles en forme de cupcake. Avec le temps, je m’y suis fait…
Mais je crois que vous ne pourriez pas comprendre Kirish -je veux dire, la connaître VRAIMENT- sans avoir eu droit à ses pensées les plus folles. Le Mikai. Obsédant sans cesse ses pensées, ses rêves, ses journées.  Sulfureuse passion, germant petit à petit dans son esprit naïf d’expérimentatrice, jusqu’à déborder pour ne jamais se vider. Grande fan des monstres en tout genre comme le serait une enfant face à Justin Bieber. Je l’avoue, j’étais jaloux. À l’entendre parler des monstres avec toute cette agitation qui la caractérise si bien. Une flamme dans le regard, un brasier au fond du cœur. Aimant Funky Town et ses mystères plus qu’elle ne m’aimait moi.
Finalement, je ne me marierai pas de sitôt.  

Ana / ex n°4
2014 - Funky Town

Je suis un monstre.  Peut-être ce qui l’a attiré chez moi ? J’aime à ne pas le croire. Nous nous sommes rencontrées sur le terrain, durant une attaque de Kabuki. Elle en tant que stagiaire, soignant aussi vite que son ombre. Moi en tant que parasite fuyant simplement la menace. Mauvais endroit au mauvais moment hein. Et je l’ai vu, bandant la jambe d’un blessé, ne semblant même pas se rendre compte du sang tachant son uniforme et son visage. Un ange, tout en blanc. Beaucoup trop mignonne pour ce genre de chose. Je l’avoue, je n’ai pas vu la balle perdue, trop occupée à mater. Je ne regrette pas, bien foutu la gamine, quoique un peu plate. Au réveil, encore l’ange. Occupée à soigner mes blessures. Si c’était ça le paradis, j’étais la plus heureuse des monstres !
Au bout de quelques mois à batifoler, j’ai bien compris que j’étais pour elle la plus magnifique des créatures. Il faut bien avouer qu’elle avait totalement raison. Dommage que ce soit dans un but expérimental…
Alors pour ne pas risquer de finir un jour attachée à une chaise, des chaînes aux poignets, je suis partie. Elle a pleuré, je crois que moi aussi. Non attendez ! Moi, je ne pleure jamais.

Shizao / ex n°666 (en fait elle a arrêté de compter)
2019 – Funky Town

Je crois qu’elle m’aime. Est-ce réciproque ? Peut-être, peut-être pas. Non attendez, je crois que je l’aime. Mais ça ne va pas marcher n’est-ce pas ?  Tout ce qui lui importe, c’est d’un jour pouvoir explorer le Mikai. Je l’ai vu l’autre jour analyser de la DustyM encore et encore. Elle a essayé de se l’injecter de toutes les manières possibles, je crois qu’elle veut devenir un monstre… quelle idée. Ok, ça ne va pas le faire, vous avez raison. Adieu la tenue d’infirmière sexy.

en vrac :
Douce  – attentionnée - naïve – persévérante – bonne répartie – bavarde – audacieuse – casse-cou –  altruiste – jalouse – lunatique – capricieuse – câline – impatiente – émotive – on lit en elle comme dans un livre ouvert – maladroite  – matérialiste – pudique – ne tient absolument pas l’alcool – tombe amoureuse trop facilement – la vulgarité, qu’est-ce que c’est ? – petite, elle faisait du vaudou avec ses peluches – a déjà mangé des fourmis, pour « tester » – chante beaucoup, pas forcément bien – éternelle amoureuse de Freddie Mercury – possède 2 chats appelés Patachou et Vodka – aucune conscience du danger – offrez lui des bonbons, et elle monte dans votre camionnette – Fan de film d’horreur/glauque – possède 21 tons de rouge à lèvre, allant du rose Barbie au violet douteux – dors le jour et vie la nuit lorsqu’elle n’est pas en service – carbure au café et au chocolat