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funky town
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Funky Town, c'est une ville, au Japon. Puis, une explosion, une brèche, un monde parallèle, des monstres, un mur qui se construit, une histoire qui s'enflamme, une population qui se chamaille sur des sons groovy et disco. Tu n'as rien compris ? Très bien, tu peux aller lire le contexte et les intrigues !


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Sen Hara
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neon city (lim) UNE OEUVRE DE Sen Hara Lun 21 Jan - 2:29

ambiancefunky town, 20h30.
c'est une froide nuit d'hiver, encore. il a plu, un peu plus tôt, et c'est bien mon seul réconfort. je ne sais pas pourquoi j'aime la pluie. en fait, non. je ne l'aime qu'en ville. en ville, elle brille de mille feux et les traces de son passage font miroir aux néons alentours. c'est comme marcher sur du verre.
non, c'est comme voler. j'aimerais pouvoir voler.
je suis emmitouflé dans mon manteau, mon écharpe et mon bonnet. personne ne me remarque. je ne remarque personne non plus. j'aime la ville, et je sais pourquoi. j'aime la ville parce que je peux devenir invisible quand cela me chante. ce soir, je veux être invisible.

ce n'est pas vraiment un soir heureux. à vrai dire, il n'y en a pas beaucoup. je suis allé au lycée, j'ai travaillé - très bien, comme chaque jour. mes activités de club se sont finies plus tôt que prévues, j'ai l'impression que le volleyball vient de me briser les poignets - j'aime cette sensation d'avoir bossé dur. mes mains sont encore rouges - ou peut-être est-ce le froid, je l'ignore. j'ai encore du temps à perdre avant de rejoindre la supérette dans laquelle je travaille la nuit.
je n'aime pas ce boulot. c'est ennuyant, presque dégradant. le patron est sympa, c'est réconfortant. les clients m'aiment bien, c'est gratifiant. mais c'est si petit pour moi qui rêve trop grand.

et puis, tout ce brouhaha. la sonnette des piétons, les musiques dans les hauts parleurs, les grands écrans de publicité, les employés de restaurant qui font la promotion de leur nouveau menu sur le pallier...

je heurte une femme sans faire exprès. je m'excuse. elle ne s'excuse pas. son parapluie refermé mais encore trempé vient de mouiller toute mon épaule. je sens encore plus le froid me mordre. je soupire. les gens n'ont plus aucun savoir vivre, je suis trop bien placé pour le dire. je jette un coup d'oeil à mon téléphone. j'ai beaucoup de notifications, c'est agaçant. je n'aurais pas dû rejoindre le groupe tchat de la classe, ils parlent trop. je roule des yeux avant de le ranger dans ma poche.

puis, je m'arrête. au beau milieu de la rue, sans crier gare. c'est l'instant, la vue parfaite. dans l'allée en face, il y a une silhouette aux cheveux longs. un homme, une femme, je ne sais pas trop, cela m'importe peu. mais sa posture, son allure et le choix de ses vêtements me fait tiquer. il - ou elle - se présente de dos. je peux bien me le permettre. je sors de mon sac mon appareil photo - petit, mais très efficace. c'est l'instant t.
clic.
je me rapproche un peu plus.

ses cheveux réfléchissent les néons, oui, c'est vraiment parfait.

clic.

la photo s'affiche une seconde à peine sur l'écran.

il s'est retourné.


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Lim Miyu
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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Lim Miyu Lun 21 Jan - 14:34

somethin'
like fate or bad luck
MUSIQUE - Il est midi pile lorsque ton réveil sonne pour la sixième fois. Tu t’extirpes des draps avec mollesse, pousses un râle abattu et t’en vas pour la salle de bain en prenant soin d’éviter le courrier jonchant le sol. Là, face au miroir, tu te désoles. Le bleu de tes yeux semble aussi délavé que le sont tes cheveux - tu ne peux décemment sortir ainsi.

Une décoloration, un masque à l’argile, un baume réparateur, un bain moussant - bref, une heure de soins plus tard, te voilà à nouveau aussi beau que l’aurore, aussi frais que la rosée. Aujourd’hui, tu entames le premier jour de ta semaine de congés - nulle nécessité de te rendre au laboratoire. Aujourd’hui, place à ton second boulot, celui de l’ombre, celui qui t’aide à couvrir tes dettes et tes dépenses en vêtements et produits de beauté.

Un coup d’oeil sur ton agenda et tu te souviens que ce n’est non pas un mais deux clients que tu dois voir cet après-midi puis, ensuite, ce soir. Le premier requiert que tu revêtes une robe. Le second, tu n’as pas de réelle information quant à ses désirs. Très bien, tu t’adapteras - tu t’adaptes toujours.

/ / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / /

Il est 19h lorsque tu réapparais chez toi - fatigué, le rouge de tes lèvres totalement dissipé et des trous dans tes collants. Cela ne s’est pas mal passé, cela ne s’est pas bien passé non plus. À vrai dire, il était plutôt rustre et tu as dû lutter pour qu’il n’outrepasse pas les limites que tu lui avais imposé. Au moins, il a payé cash et il n’a pas lésiné sur les liasses. Tu ranges celles-ci dans la boîte à musique, celle qui trône sur la commode de ta chambre. La légère berceuse n’a pas le temps d’adoucir ton humeur - il faut que tu te dépêches de te préparer pour le second rendez-vous.

La seule annotation qu’il t’ait transmise par sms est la suivante : je veux que vous portiez des bas résilles et un kimono de soie rouge. Tu soupires - encore un excentrique, mh… Le pendule de la cuisine vrombit presque, t’extirpant à tes songes maussades - tu es en retard. Précipitamment, tu t’habilles et attrapes la première paire de basket à ta portée, tant pis pour le style.

Les rues sont bondées, comme d’ordinaire et tu te faufiles entre les gens à l’égale d’une anguille, te faisant bousculer ça et là mais n’y prêtant pas plus d’attention qu’aux regards interloqués des quelques personnes qui s’attardent sur toi - doivent-elles se poser la même énigme, histoire d’occuper un bref instant leurs esprits : es-tu une femme ou un homme ?

Là, face à l’énorme panneau publicitaire ventant les mérites d’un nouveau téléphone, tu attends. Tu te sens minuscule sans tes talons, et tel est le prix du confort ; tu te sens également épuisé - peut-être n’aurais-tu pas dû accepter ce second rendez-vous. D’autant que tu ne vois personne s’avançant à ta rencontre. Te serais-tu trompé d’endroit ? Déjà que tu ne sais pas à quoi resemble ton client, c’est bien ta veine…

Click ! Instantanément tu te retournes, ta bouche suspendue en une moue interloquée l’espace de quelques secondes. Un jeune homme - un lycéen ? - vient de te photographier. Qu’est-ce que… C’est lui ? Si jeune ? Tu franchis les quelques pas vous séparant, te pares de ton plus beau sourire et lui retires l’appareil photo des mains pour le ranger dans ton cabas. Cela n’est pas compris dans notre marché, pas de photo.

L’art et la manière de paraître - quelle attitude adopter avec celui-ci ? Si jeune et pourtant il t’a acheté pour la soirée. Réfléchis… Il aime les kimonos rouges, il aimes les bas résilles, il a une dégaine un peu rebelle, il aime les photos… Définitivement un excentrique. Très bien, tu vas la jouer muse rêveuse. Je ne m’attendais pas à un artiste. Être tactile ? Lui baiser une joue ? Lui serrer la main ? Non, ce genre de personne aime l’absence de contact les premières heures - un peu comme un enfant qui se réserverait les fraises de sa tartelette pour la fin.

Souhaiteriez-vous que je vous montre mon endroit favoris ? On peut y voir la lune devenir violette. Douceur sur le palais et sourire plus alanguis, tu l’invites à te suivre. Tu espères que le dit lieu auquel tu penses a ouvert ses portes.

Tout de même… Il est jeune… Un peu plus que tu ne l'es, sans doute. C’est étrange. Quelque chose détonne, non ? La fatigue t’empêche de raisonner convenablement Lim, tant pis.
ft. sen

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Sen Hara
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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Sen Hara Lun 21 Jan - 15:06

musique – c'est un garçon.
même face à lui, j'ai du mal à y croire. ses traits n'ont même pas l'air humains. je suis embarrassé - il m'a vu. il m'a remarqué alors que je voulais me faire tout petit, que je voulais être invisible ce soir. je me retrouve comme un idiot, mon appareil dans les mains, la bouche entrouverte et le rouge aux oreilles. un travesti, un escort, un host ? il y avait tellement d'individus et tellement de rôles à porter à funky town que je n'arrive pas à me décider dans quelle case je pourrai le mettre. j'aime mettre les gens dans les cases. c'est plus facile de s'y retrouver.
il me dit non mais il ne m'exige pas de supprimer la photo. je jette un coup d'oeil furtif à l'écran. j'aurais été déçu d'avoir à la supprimer, elle était vraiment réussie. je l'ai prise à la verticale afin d'enfermer le sujet entre les bâtiments lumineux. il y a le sol trempé qui miroite les néons, et cette silhouette brune de dos, qui réfléchit elle-même le néon violet à sa droite. je pense que je peux en faire quelque chose de beau. je l'aime beaucoup.

je réalise qu'il me prend pour quelqu'un d'autre. la tournure de ses phrases est étrange. ce n'est pas des choses que l'on dit et que l'on propose à un inconnu dans une rue la nuit. j'ai envie de lui dire qu'il doit faire erreur mais je n'ose pas - je ne voudrai pas le mettre mal à l'aise, le déranger ou l'importuner. on peut blâmer mon raisonnement sur les doctrines nippones, c'est vrai. je ne comprends pas encore que je suis en train de voler la place d'un autre.

alors, je le suis.
de loin, je n'aime pas trop me rapprocher des gens comme ça. je n'ai rien contre eux, vraiment, je vous assure. mais il suffirait d'une connaissance, d'un visage familier, et tout ce que j'ai construit seul se verra détruit en un rien de temps. je range mon appareil dans mon sac. je marche, doucement, un peu intrigué par ce lieu où l'on voit la lune devenir violette.

non, non.

je ne peux pas m'aventurer là-dedans. je dois être raisonnable.

- a-attendez. je serre la lanière de mon sac avant de me pencher vers l'avant pour faire une courbette. il y a malentendu. je ne suis pas... enfin. je n'avais pas rendez-vous avec vous. je passais juste par là. je me redresse.


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Lim Miyu
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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Lim Miyu Lun 21 Jan - 16:21

somethin'
like fate or bad luck
MUSIQUE - Comment as-tu pu être aussi stupide, Lim ? Évidemment que ce n’est pas ton client, évidemment que ce dernier doit être fou de rage quelque part à t’attendre… Ou peut-être est-il déjà parti ? Aussitôt tu sors ton téléphone et tente de le joindre - répondeur.

Tu soupires, plus dépité que réellement agacé. Ta soirée est foutue - tous ces efforts pour rien. Si seulement tu ne t’étais pas trompé, si seulement tu n’étais pas si fatigué, si seulement ce garçon… S’il n’avait pas pris cette photo de toi, tu n’en serais pas là.

Nul besoin est de maintenir le masque - ton sourire s’est envolé à la minute où il t’a offert sa courbette. Encore un peu et tu lui riais au nez - si cérémonieux… Avec toi ? N’a t-il pas compris que tu es un escort ? Ce n’est pas un excentrique, c’est le genre grand coeur rêveur. Plutôt que de te flatter, cela t’irrite. Supprime le cliché s’il te plaît. Si ta demande est courtoise, la crispation pincée de ta bouche témoigne que ton humeur n’est pas aux bons sentiments.

Ce n’est pas avec ce que tu as gagné lors de ton premier rendez-vous, grosse somme ou non, que tu vas pouvoir payer tes factures de la semaine. Cette soirée vas te coûter cher. Mh, tu n’es pas sans ressources pour autant. Lim, voyons, tu peux encore rentabiliser ton temps… S’il est vraiment du genre grand coeur rêveur, il pourra bien te dédommager. Qu’il accepte ou non, tu ne comptes pas le laisser filer sans lui soustraire un peu de fric.

Ce malentendu vaut 65 000 ¥. C’est ce que mon rendez-vous aurait dû me rapporter. Remarque que tu habilles d’un sourire faussement désolé. Puis, désireux de le mettre mal à l’aise - disons que c’est une forme de vengeance un peu enfantine font tu raffoles - tu approches ton visage au plus près du sien. Vas-tu me dédommager ? C’est la moindre des choses.

Tu sens dans ton dos des regards inquisiteurs ce qui ne manque pas de te déplaire. Tu as horreur d’être le centre de l’attention en de telles circonstances. Aussi tu recules, réajustes ton kimono de sorte qu’on ne puisse voir tes bas résilles et sort un bonbon à la fraise d’une de tes poches. C’est ton astuce détente - et dans un élan spontané de générosité que tu regrettes aussitôt, tu lui en tends un.

J’ai trois heures de libre, si déjà tu me payes, et j’y compte bien, autant les passer ensemble.

Je n'aime pas être seul, je préfère encore être accompagné par cet hurluberlu. Curieusement, de pouvoir agir de manière un peu peste - comme tu le fais à ton accoutumée - mais avec un « client » te fait rire en silence. Si tu pouvais agir ainsi avec tes vrais clients, ce serait tellement plus agréable, tellement plus facile de supporter leur compagnie.
ft. sen

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Sen Hara
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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Sen Hara Lun 21 Jan - 16:52

musique – ah.
je crois que je suis en train de me faire avoir.

je mets très vite de côté mon masque de politesse et fronce les sourcils. il parle, parle, parle, mais ça sonne comme des menaces, des sous-entendus qui ne me plaisent guère. je serre la poigne autour de ma lanière, un peu hésitant. je ne suis pas bagarreur, mais je suis un peu près sûr d'avoir de l'audace. mais qu'est-ce qui m'empêche d'agir, tout de suite ? là ? maintenant ! ... maintenant ?
je l'ignore. non, en fait, j'ignore comme suis-je supposé me comporter avec les gens qui parlent tout doucement, de façon très monotone. j'ai peur de les casser, de faire des ravages. je suis habitué aux bourrins comme ma grosse vache de mère. je sais qu'elle encaisse. qu'elle encaissera toujours, en fait. mais lui, il était si petit et si maigre.

- pardon ? dis-je en haussant les sourcils. c'est simplement une erreur, je ne vous ai fait perdre qu'une dizaine de minutes tout au plus et votre point de rendez-vous est juste dans mon dos visiblement. je n'ai pas à payer pour ça et, de toute façon, je n'ai pas d'argent.

c'est vrai. je suis souvent à sec. il faut dire que le peu de billets que j'arrive à glisser dans mes poches, ma mère finit toujours par mettre la main dessus. elle les claque dans des jetons, dans la loterie. bordel.

maintenant, il fallait que je me débrouille pour cette histoire de cliché. je me sens mal d'avoir à supprimer une telle photo, elle m'inspire beaucoup. je me pince les lèvres, je cherche autour de moi un moyen de m'en sortir mais bien évidemment, rien ni personne ne me viendra en aide. je ne suis pas en droit de garder cette prise de vue, ce n'est pas un modèle consentant alors... alors je suis en tord. je soupire et me gratte l'arrière du crâne avant de - finalement - ressortir mon appareil. je lui montre le cliché en question en tenant avec fermeté  l'appareil - on ne sait jamais.

- vous êtes sûr ? je veux dire... elle est plutôt bien. ça... comment l'expliquer sans avoir à passer pour un idiot ? ça m'aiderait beaucoup pour mon book. je baisse la tête - c'est une courbette plus modeste. s'il vous plait.

avant que ça ne m'énerve pour de vrai.


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Lim Miyu
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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Lim Miyu Lun 21 Jan - 17:28

rain
i hate it
MUSIQUE - Oh, voilà qui te surprend un tantinet - il en a dans le ventre, le garçon-courbette. En dépit de sa formule toute faite et toute lisse, tu sens se dessiner sous ses traits une légère exaspération. Il semblerait que tu l’énerves Lim et à juste titre.

Ton sourire se pare de miel et s’étire tandis que tu l’observes, cette fois habillé de dépit, te montrer son cliché. Effectivement, il est réussit. Effectivement, ce serait dommage de le supprimer. Or tu détestes les photos et tu détestes plus encore lorsqu’elles te concernent.

Il y’a tout de même un léger point à remettre à l’ordre de ton esprit - il n’a pas d’argent. Bien sûr qu’il n’en a pas, c’est un lycéen non ? Un gosse des rues ? Non pas que cela t’intéresse - il n’a pas d’argent, y’a que ça à retenir. Ta soirée est vraiment fichue et pour avoir encore essayé d’appeler ton client, tu sais qu’il y’a zéro chance de rattraper celle-ci.

Tu soupires, abandonnant tout espoir de payer tes factures cette semaine… À moins que tu ne prennes un autre client demain ? Ou que tu offres un peu plus de tes services à celui avec qui tu as déjà programmé un rendez-vous… Mh… Quelle plaie.

Tes yeux se reposent sur l’artiste en herbe. Vraiment, quelle plaie. N’empêche, t’as toujours pas envie de passer les heures à venir tout seul. Tu te ferais aborder par des gens louches - tu te fais toujours aborder par des gens louches.

Je t’autorise à ne pas la supprimer si tu me fais passer une bonne soirée. J’habite loin, j’ai fait du chemin pour venir jusqu’ici et je n’ai pas envie d’avoir à repartir sans même avoir un peu profité du centre. Ce n’est pas cher payé. Que tu dis, blasé mais néanmoins gêné par les circonstances.

S’il refuse, tant pis - il supprimera la photo et tu rentreras chez toi. Ou alors, il la supprime, il disparaît, tu restes et à chacun sa nuit.

Tu pourrais prendre le risque de te balader un peu, de trouver un bar qui fait de bons mojitos, de t’en faire offrir un, de déserter ensuite, de t’étaler dans un taxi, de ramper jusqu’à ton divan, d’allumer la télé sur ta cassette de dessins animés favoris et de t’endormir jusqu’au lendemain midi.

Mh. Voyons déjà s’il tient vraiment à son cliché. Quand tu penses que tu en es le sujet - tu ne comprends pas. Les goûts des humains t’échappent - ils t’ont toujours échappé. Tu es beau à leurs yeux, ou belle - toi tu ne te perçois jamais que comme une espèce de créature ayant échoué dans la mauvaise peau.

Lim. Finis-tu par dire, comme un aveu sortit de nulle part avant de t'incliner de manière presque imperceptible. Que vous vous sépariez dans la minute ou non, tu ne peux pas t'en empêcher, c'est plus fort que toi - le garçon-courbette n'est pas le seul à être japonais ici, pas vrai...

Il commence à pleuvoir. Tu vois les gouttes foncer ton kimono. Je hais la pluie. Tu hais la pluie...
ft. sen

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Sen Hara
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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Sen Hara Lun 21 Jan - 18:15

musique – une goutte sur mon nez. sur ma joue, sur mon front, mon bonnet, mes épaules, puis une véritable cascade. la pluie tombe sur les flaques à mes pieds. les lumières au sol maintenant ondulent, maintenant dansent. j'aime la pluie. j'aime tellement la pluie. si je m'écoutais, je me jetterais au milieu de la grande place et je tournerais sur moi-même en hurlant. ou peut-être escaladerais-je le plus haut building et, là haut aussi, je hurlerais. mais pour le moment, j'ai encore les pieds sur terre.
je suis toujours face à lui.

face à lim, qui vient tout juste de se présenter. pas de nom famille, pas de formalités - juste lim. je ne sais pas faire ça. on m'a appris à bien faire. lim me fait une proposition. elle ne m'arrange pas, ou seulement à moitié. je n'ai rien à faire pendant ces quelques heures de battement. je n'aime pas ne rien faire. mais comment puis-je amuser un adulte ? je n'ai pas l'âge d'entrer dans les bars, dans les boîtes, de boire un verre d'alcool. je ne suis pas non plus une bonne compagnie. je crois. je ne sais pas.

- d'accord... je regarde autour de moi. personne ne nous voit. nous sommes invisibles. ouf. je dois partir vers vingt-deux heures pour travailler. je préfère prévenir que décevoir.

et tandis que la pluie commence à traverser mon pantalon, je réalise que lim doit avoir très froid. j'hésite. ah, tant pis. je plonge ma main dans mon sac encore une fois, y range - encore - mon appareil pour l'échanger contre un parapluie pliable. je l'ouvre, le plante au-dessus de nous. il est transparent. je les préfère transparent, les parapluies. comme ça, je ne manque jamais rien du spectacle.

- hara sen. j'ai donné mon nom entier, et peut-être que cela est ma première erreur. tant pis.

j'avance, j'entame une marche vers on ne sait où. je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas comment l'amuser, mais je ne veux pas dire adieu à cette photo. il est temps de revêtir le masque que je porte à l'école - celle qui donne envie à tous mes camarades de devenir mes amis.

- alors, lim-san, je n'aime vraiment pas appeler les gens par leur prénom, qu'est-ce que vous faites... exactement ?
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Lim Miyu
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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Lim Miyu Lun 21 Jan - 21:18

to feel like
i'm back home again
MUSIQUE - Cela te fait bizarre qu’il t’appelle Lim-san, cela sonne faux et prétentieux… Après tout tu n’es pas quelqu’un qui mérite ce genre d’égards. Au travail, tes collègues ne t’appellent pas, ils te désignent. Lorsque tu revêts ton identité d’escort, tes clients ne t’appellent pas, ils te surnomment par des noms d’oiseaux ou de friandises.

Oui, cela te fait définitivement bizarre.

Il te semble, en dépit de sa courtoisie, pas très à l’aise non plus. Sen Hara. C’est joli Sen. Yubaba lui aurait t-elle jeté un sort ? Tu soupires, à moitié amusé par tes références sourdes. Ton regard se balade un instant au-dessus de tes cils, observant la pluie te narguer à travers le plastique transparent du parapluie. Je hais la pluie, je la hais…

Appelle-moi Silk, si tu préfères. Je préfèrerais aussi, finalement. C’est ainsi que la majorité des gens qui t’appellent…t’appellent ? Sur Koi, dans la vie réelle - tu es Silk. En même temps c’est toi qui t’es présenté sous ton prénom… Wow, stop la dérive des pensées là. Ça n’en vaut pas la peine.

Histoire de murer le court silence que tu viens d’imposer, tu t’enfiles d’autres fraises tagada tout en suivant les mouvements nerveux du chien en laisse devant vous, promené par une vielle dame au chignon fluorescent et au sac en forme de donut. La mode à Funky Town…

La dérive, la dérive… Il t’a posé une question, Lim ! Je travaille pour OLMS, je fais des expériences plutôt cruelles sur mes semblables - car oui, au fait, je suis un monstre - mais comme je n’ai pas d’état d’âme, leurs souffrances m’indiffèrent. Définitivement pas le type de réponse à lui donner. Définitivement pas.

Je suis escort, mais tu l’as déjà deviné, non ? Tu souris, lui décochant un regard de biais un peu moqueur avant que ton attention ne s’échappe pour une échoppe de sushis. Tu la pointes d’un doigt et vous y diriges en tournant les talons. La seule vue de la chaire rouge et grasse du thon te met en appétit.

Tu t’installes sur une banquette en bois à l’intérieur en prenant soin de ne pas filer la soie de ton kimono puis attaches négligemment tes cheveux en chignon. Visage dégagé, t’es fin prêt pour la dégustation. Et… Et pour la discussion, tu supposes ?

Et toi, Hara-ku- Mh. Non, cela sonnerait aussi bizarre que lui m’appellant Lim-san. Bizarre mais juste ? Et toi… Hara Sen, qu’est-ce que tu fais à part photographier des inconnus dans la rue ? Le dénommer par son identité entière, ça ne fait pas tout aussi bizarre peut-être ? Franchement, Lim…

Une serveuse vous approche, les joues un peu rouges - doit-elle trouver votre duo un peu curieux ? Tu réactives aussitôt ton masque doucereux, lui commandant un assortiment de sashimis et des brochettes. Elle s’incline, sourit fébrilement puis s’en va. Le masque retombe. J’invite. Au point où j’en suis. Lâches-tu avec un soupçon de mélodrame dans la voix avant de rire doucement à tes propres dépens - et de ta réelle misère, en fait, hein, tout de même, merde c’était 65 000 yens…
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Sen Hara
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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Sen Hara Lun 21 Jan - 22:32

musique – je me retrouve dans un restaurant et c'est bien le dernier endroit où je pensais que j'allais visiter ce soir.
j'avais déjà préparé mon diner tôt ce matin, j'imagine que je n'ai plus qu'à tirer un trait dessus. ah. c'est chiant. je le fixe. il me fixe. on se fixe. c'est gênant. j'ai l'impression qu'il n'a pas envie d'être là. ça tombe bien, moi non plus je n'ai pas envie d'être là. les gens commencent à nous regarder, ils se posent des questions, j'entends des chuchotements interrogateurs. je commence à rougir. en fait, non, je ne rougis pas vraiment. sauf mes oreilles. je sens le bout de mes oreilles chauffer. c'est déjà beaucoup trop.

je ne sais pas trop où ranger mes mains alors, par défaut, je les planque sous la table, à plat sur mes cuisses. je n'ai pas mis les pieds dans un restaurant depuis des lustres - à l'exception d'un ou deux fast food à l'occasion, mais on a pas besoin d'être présentable pour un burger et quelques frites. je regarde sa soie, maintenant. elle doit coûter très cher. il est riche ? il doit être riche. il veut m'inviter. j'aimerai refuser, mais je n'ai pas un sou. je détourne les yeux un instant. je suis perdu. il m'appelle par mon nom entier, c'est vraiment trop.

- hara-kun... c'est très bien. dis-je avant de repenser à sa question, et je suis lycéen. je travaille dans une supérette la nuit, pas très loin d'ici. la photographie c'est... une vocation.

je réalise que je n'arrive pas trop à le regarder dans les yeux. enfin, jamais assez longtemps pour en retenir les détails. je ne sais pas pourquoi. cet homme est étrange. je n'arrive pas le cerner. je n'aime pas ne pas cerner les gens.

- je suis dans un lycée sportif alors, si j'échoue mon entrée dans une université en art, je rejoindrai un club. les deux idées me plaisent bien que l'un est nettement dominante. je pose finalement mon coude sur la table et repose mon menton au creux de ma main, en profitant d'ailleurs pour me libérer de mon bonnet et mon manteau. même si le futur est incertain. qu'est-ce que le monde entre ces murs peut bien m'offrir ? je soupire, un peu las, un peu agacé. lim-san, qu'est-ce que le monde offre à un escort ?

je ne cherche pas la reconversion, je tiens à le souligner.


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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Lim Miyu Lun 21 Jan - 23:29

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i'm back home again
MUSIQUE - Ah, tu as visé juste - c’est un lycéen. Il a l’air d’avoir une vie plutôt joyeuse et tu te mets soudain à l’envier. Ce doit être agréable de réfléchir à son avenir, de faire des sorties de groupe, de se rendre en cours tous les matins, de rêvasser, de se battre pour se faire une place dans le monde… Ce genre de choses qu’on fait lorsqu’on est un lycéen…

Tu crois que tu l’as été, tu penses, non tu imagines - tu aimerais. C’est flou, tu essayes de cherche un souvenir qui n’en est peut-être pas un. Les seules souvenirs de Makaï qui te reviennent sont toujours les mêmes : les esprits des gros poissons nageant dans la rivière en bas de chez ta grand mère. Tu soupires - tes pensées se sont à nouveau éparpillées.

Travailler dans une supérette si tard… Mh…Tu ne dois pas avoir une vie si joyeuse finalement. Tu le dis pour toi, sans moquerie ni jugement, le regard perdu sur les vapeurs chaudes se dégageant des plats de la table voisine. Ce n'est pas la petite serveuse aux joues rouges qui arrive avec les vôtres, mais son collègue - t’arrachant à la lune et à ses satellites.

Tu le remercies d’un vague geste de la main et t’attends à le voir partir aussitôt. Ce qu'il fait, non sans manquer d’ajouter un franc et mielleux je vous en prie mademoiselle. Tu y es habitué à ce genre de méprise et d’ordinaire tu n’en as cure - or, là, ça t’embarrasse. Sourcils froncés et moue agacée, tu te jettes sur tes sushis.

Après trois bouchées, tu t’apaises et daignes enfin reprendre la conversation - et cela ne t’a pas échappé : il t’as encore nommé Lim-san. Mh. Je préfère Silk mais… Tant pis. Tant pis.

Je serais curieux de voir tes photos. Aveu qui sort de nulle part - c’est la soirée des aveux qui sortent de nulle part - et qui ne te gêne pas outre mesure. Les sushis ont ce don de te lover dans une bulle de sérénité.

Le monde n’offre rien à un escort. En revanche il sait lui prendre. Remarque que tu ponctues d’un haussement d’épaules nonchalant. Ce n’est pas ma vocation de tout manière. En as-tu seulement une ? Non ? Ah. Oui, c’est vrai… Tu en as une.

Il t’aura fallu presque une heure pour qu’enfin, pour la première fois, tu consentes à le regarder dans les yeux - contact à l’inconfort que tu ne t’expliques pas. Hara-kun, est-ce que tu connaitrais un endroit où l’on peut voir nager des gros poissons ? Certes, ta question est un peu bizarre mais il te fallait la poser.

Un photographe, cela connaît pleins d’endroits, non ? Toi, même après 10ans dans cette ville, tu serais encore capable de t’y perdre.

Environs trente secondes, c’est le temps que votre échange de regards aura tenu avant que tu ne rabattes tes yeux sur vos verres à eau. Oh et… Même si tu m’as fait louper un client et que tu ne m’as pas dédommagé, et que tu ne sois là que pour sauver ton cliché et moi que pour ne pas m’ennuyer - Un début de phrase que tu peines à sortir sans amertume et raillerie - … Merci, d’être resté. - et une fin de phrase étonnement simple.

Coupant court à ton élan de politesse ô combien exagéré - selon toi - tu termines le dernier de tes sushis puis t’affales plus amplement dans le dossier de cuir de la banquette. Tes bas résilles collent sur le bois vernis, ils te démangeant - la plaie, tu vas avoir les fesses marquées comme des filets-mignons. S’il n’y avait pas tant de monde, tu te ferais une joie de les retirer et de les abandonner dans la première poubelle venue.
ft. sen

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Sen Hara
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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Sen Hara Lun 21 Jan - 23:54

musique – je l'avoue, je m'attendais à passer les heures les plus embarrassantes de ma vie. mais tandis que je déguste le poisson frais, lim parle. il parle, doucement. il a une voix qu'on pourrait écouter des heures, un peu traînante, un peu las, un peu mélancolique. est-ce qu'il est vraiment mélancolique ? je lève les yeux quand son attention n'est pas portée sur moi. mh. je ne sais pas. il a l'air absent, ailleurs. comme s'il ne venait pas de ce monde. makai ? je me le demande, mais je n'aime pas faire des suppositions hâtives. je sais que je suis plus intelligent que ça. peut-être suis-je en pleine entretien avec un homme tout bonnement perdu, abattu, qui se laisse porter par le courant de la vie.

je me surprends à être un peu curieux. je ne voulais pas perdre mon temps avec une rencontre qui n'allait durer qu'un soir mais ses phrases énigmatiques éveillent mon intérêt.

- vous avez un autre job ? je demande, un peu en l'air parce que c'est tout ce que sa phrase m'avait laissé supposer.

je dévore un dernier sashimi - je n'avais pas aussi bien mangé depuis des lustres. je pourrai m'empiffrer toute la soirée. c'est définitivement meilleur que toutes les recettes que j'ai tenté - et raté.
puis, là, il me remercie. je repose mes baguettes et je ne fais rien d'autre que d'incliner légèrement la tête. je ne sais pas ce que cela peut bien vouloir dire. merci, de rien, au plaisir... je lui laisse la libre interprétation du geste. je finis mon verre d'eau avant de finalement casser le silence afin d'éviter que ce dernier ne devienne trop gênant. je n'aime pas quand les silences sont gênants. je les aime calmes et reposants, c'est tout.

- pas de problème. j'avais du temps à tuer alors disons que ça m'arrange aussi. en quelque sorte. j'essuie le coin de ma bouche, me rappelant que je devrai lui montrer mes photos un peu plus tard.  et euh, merci pour le repas.

maintenant, je me sens redevable.
oui, je sais ce que vous allez dire ; les mentalités japonaises. toujours. encore. c'est ancré en moi. je ne vous conseille pas de lire la suite de mon histoire si nos manières vous exaspèrent.

- concernant les poissons, je pense qu'il y a l'aquarium, mais je n'y suis pas allé depuis des années. je finis par hausser les épaules et c'est en toute candeur que je demande :  mais je connais mieux ce qu'il se passe en haut. en l'air. je peux vous montrer, si vous voulez.

est-ce que je l'invite à une séance d'escalade nocturne sous cette pluie glaciale ?
oui.
définitivement.


Dernière édition par Sen Hara le Mer 6 Fév - 10:06, édité 1 fois
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Lim Miyu
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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Lim Miyu Mar 22 Jan - 0:24

to feel like
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MUSIQUE - Un autre job. Est-ce que tu as un autre job. Un sourire se dessine à tes lèvres, légèrement amusé par sa question dont il ignore sans doute la portée réelle. Il a l’oeil vif pour un humain de son âge - les spécimens de son acabit que tu as eu l’occasion de côtoyer avaient tous un point commun : la rue.

Il ne doit pas faire partie de la case lit duveteux et maison cosy. Tu pourrais parier qu’il loge à Ishi No Kage mais… Qu’est-ce que cela peut bien te faire ? Ou plutôt, qu’est-ce que t’en as à foutre ?

Oui. Je travaille également dans une animalerie. Ce n’est pas une si mauvaise métaphore pour décrire le laboratoire, mh ? Tu aurais pu lui dire la vérité - il n’y a pas de honte à bosser pour OLMS. Quand bien même il y’en a une, l’avis des autres est le dernier de tes soucis.

Disons juste que… Cela te plaît d’être quelqu’un d’autre ce soir - d’être comme tel que tu voudrais être - d’être tel que tu devrais être ? - un peu de tout ? Bref, quelque chose dans le genre là.

J’ai une passion pour les rats. Autre déclaration sortie de nulle part et Dieu sait pourquoi tu mentionnes les rats en particulier - tu n’as pas de passion à leur égard, ni de dégoût. Ils t’indiffèrent, comme tout le reste. C’est juste que, curieusement, en regardant ton hôte, c’est le premier animal qui t’est venu à l’esprit.

C’est un soupçon déçu que tu baisses tes yeux sur le noeud que forment tes mains autour de ton verre lorsqu’il enchaîne sur ta question de plus tôt. Un aquarium hein… Or, il ne te laisse pas ruminer ta déception.

Non.

Tu inclines la tête sur le côté comme le font les chiens lorsqu’il ne sont pas sûrs de comprendre - et tu n’es pas sûr de comprendre. Il y’a quoi à voir en haut, en l’air ? Ton nez se fronce légèrement tandis que tu pèses le pour et le contre de son offre.

Il te faudrait sortir alors qu’il pleut… D’un autre côté, il a attisé ta curiosité. Faute de gros poissons dans un aquarium, peut-être en verras-tu nager dans le ciel, comme ceux des histoires de ta grand-mère ?

Je veux bien…

Suite à quoi, tu déposes une petite somme d’argent sur la table et te lèves. Il te faut réajuster ton kimono mais aussi tes bas - ce que tu fais avec la plus grande discrétion. Même si tu as accepté son offre, tu ne caches pas ton dégoût d’avoir à affronter la pluie.

C’est presque le pas traînant que tu sors du restaurant, la moue boudeuse et les bras repliés sur ta taille. Il fait froid. Si le ciel pouvait pleuvoir des flammes… Ce serait beau ! Par où doit-on aller ? Si nous devons emprunter un chemin abrupte, je te préviens, tu me portes. C’est non négociable - tu es tout sauf agile et risquer d’abîmer ton corps c’est risqué de finir sans le sou.
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Sen Hara
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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Sen Hara Mar 22 Jan - 1:42

musique – je souris.

- allons-y !

je ne peux pas m'empêcher d'être enthousiaste.
je ne sais pas pourquoi. je crois que c'est l'appel de la liberté. j'ai le coeur qui bat à tout rompre. j'aime bien faire découvrir mes passions aux autres. même à de parfaits inconnus en kimono de soie.

je me redresse, renfile mes affaires sur mon dos et m'empresse d'aller jusqu'à la sortie. je ne parle pas, pourtant nous marchons bien une quinzaine de minutes, de rues en ruelles, de ruelles en avenues, jusqu'à destination. il pleut toujours autant et même avec un parapluie, il vaut mieux presser le pas.
nous arrivons en face d'un immeuble passe-partout. il y a une cage d'escalier à l'extérieur, seulement accessible par un rez-de-chaussée et un digicode. mais c'est facile d'atteindre l'intérieur de la cage. enfin, pour moi, c'est facile. pour lui... je ne sais pas.

- on monte. j'vais vous aider.

je recule, je prends de l'élan. ce ne sera pas facile avec mon sac et le froid, mais j'ai expérimenté bien pire. et puis je cours vite, très très vite. quand je m'approche de la paroi, j'y pousse le bout de mon pied pour me propulser encore plus haut et ainsi enjamber le muret pour atteindre les escaliers. je galère, j'ai glissé, j'ai raté, je me suis explosé le menton contre, mais je prends mon mal en patience et je finis par atteindre mon but dans un râle.
je me penche au-dessus du vide et retiens tout mon poids avec le tuyau au mur. je lui tends ma main.

- j'ai déjà fait ça plein de fois, si ça peut vous rassurer.

je la saisis aussitôt. il a les doigts très fins. comme une fille.
je la serre si fort que je pourrai la broyer et je me balance vers l'arrière pour le hisser à son tour vers le haut.

- on y est... presque... il est plus lourd que ce que je pensais. urgh...

et nous y sommes.

- plus qu'à aller tout en haut.

alors je monte les marches deux à deux, presque en sautillant. il nous faudra un petit moment pour atteindre le tout dernier étage. à ce palier, nous prenons une échelle.
et...
ça y est.

nous y sommes.

je cours au rebord de l'édifice qui nous offre ainsi une vue panoramique sur une grande partie du quartier. je suis trempé jusqu'à l'os, mais c'est pas grave.
c'est pas grave parce que je me sens libre.

et au loin, funky town danse avec sa robe multicolore, recouverte de son manteau de nuage et pleurant encore sur ses citoyens.

mais ce ne sont pas des larmes de détresse ou de désespoir.
ce sont des larmes de joie.

oui.
c'est une pluie de joie.

- est-ce que vous ressentez ça ? le vent, le froid, la pluie, oui... mais aussi la sensation d'être au-dessus de tout et d'être capable de n'importe quoi ? d'être libre ? je m'emballe. je rougis. je détourne le regard. je ricane. je me moque de moi. je suis idiot.
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Lim Miyu
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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Lim Miyu Mar 22 Jan - 16:34

a night
I WON'T FORGET
MUSIQUE - Tu l’as suivi sans un mot, les pensées vagabondes. Plusieurs fois, tu as glissé mais sans tomber, heureusement. Plusieurs fois, tu t’es demandé si le chemin que vous empruntiez était un moyen déguisé de sa part pour provoquer ta mort. Plusieurs fois, tu t’es raccroché à lui ou aux barres de fer qui se trouvaient là. Cela n’a pas été facile d’escalader tout en haut de l’immeuble - encore moins avec la pluie battante.

À peine êtes-vous arrivés au sommet qu’il exulte, aussi brillant que la ville qui s’étend sous vos yeux, aussi ouvert qu’un cerf-volant le serait à la brise orageuse. Toi, tu t’accroupis, les bras encerclant tes genoux, la tête engoncée contre ceux-ci. Le froid te ronge les os et l’humidité se fraye un chemin sous ton épiderme - tu n’oses pas te relever, ni prononcer un traître mot.

À vrai dire, tu n’es pas certain de ce qui se passe dans ton esprit en cet instant très précis. Plusieurs émotions se bousculent, se bataillent pour remporter ton humeur définitive.

Tu sens tes cheveux se coller à tes tempes et la soie de ton kimono s’alourdir. Un effet désagréable qui t’arrache un soupire las. Sans lui octroyer un regard, tu romps ton silence avec une curieuse morosité dans la voix. Tu sais, je hais la pluie. Je crois que je l’ai toujours haït. Elle me nargue. Elle éteint le feu. Elle veut me noyer. Elle est si froide. Un autre soupire.

Du coin de l’oeil, tu le vois sourire face aux lumières multicolores, le visage trempé, des gouttes perlant sur les mèches barrant son front. La pluie semble l’aimer autant qu’il l’aime. Cela te pince un tantinet le coeur et va savoir pourquoi - non, tu n’y tiens pas. En vérité je suis jaloux d’elle. Je suis jaloux de toi et des tiens. C’est la plus vieille rancoeur du monde - l’oiseau de feu qui ne pouvait pas pleurer et qui errait, âme en peine, en quête de larmes.

Repenser à ta condition t’arrache un rictus - c’est d’un cliché, d’être là, à ruminer ce que tu n’auras jamais, en pleine nuit avec un parfait inconnu. Tu es certain que la scène que vous offrez est digne d’un film dramatique.

À cette idée, tu finis par te lever. À ses côtés, faisant fit du froid, tu contemples enfin la ville et ses trésors. Elle est belle, c’est vrai. Il n’a pas tord non plus - être au-dessus de tout, être capable de n'importe quoi… Être libre. Je suppose que je le ressens un peu… À ton tour de sourire et de rougir. Son extase est contagieuse.

De ta poche, tu sors un bout de papier violet transparent, et tu le places devant ses yeux en l’orientant vers le ciel. Tadaaa ! Une lune violette ! Aussitôt tu ris, un peu comme un gosse, fier de lui avoir fait découvrir ton « lieu préféré » à toi. Il est pratique, tu peux l’emmener partout…

Cela fait un bail que tu ne t’es pas senti aussi léger, pas vrai Lim ?

Dis, Hara-kun… Tu le fixes, calme. Si tu avais un souhait à formuler, là, tout de suite… Ce serait quoi ?

Cela fait un bail que tu n’as pas été aussi charmé par un humain, pas vrai Lim ?
Ce n’est pas si mal, si ? Juste ce soir, une trêve, une accalmie…
Ce n’est pas si mal.
ft. sen

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Sen Hara
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Re: neon city (lim) UNE OEUVRE DE Sen Hara Mar 22 Jan - 17:11

musique – personne ne l'aime, la pluie.
je n'ai jamais entendu quelqu'un s'exclamer : il pleut, super ! en regardant par la fenêtre, à moins que ces mots ne soient saupoudrés de sarcasme. les gens sont tristes, quand il pleut. les gens sont mous, quand il pleut. les gens sont perdus, quand il pleut. les gens sont en colère, quand il pleut. la pluie fait ressortir les pires émotions, elle nous rend vulnérable, elle nous rend faible.
mais tout ça parce que nous n'avons jamais appris à l'apprécier à sa juste valeur. sans pluie, il n'y aurait pas de vert dans notre paysage. sans pluie, il n'y aurait pas d'agriculture. sans pluie, il n'y aurait pas de quoi abreuver des peuples démunis. sans pluie, nous crèverions de chaud en été. sans pluie, il n'y aurait pas de beaux et de mauvais jours.
sans pluie, il n'y aurait pas de vie.

et tandis que tout le monde enfile son manteau morose lorsqu'il pleut, moi, je fais le choix de briller.

finalement, lim-san m'avoue qu'il est jaloux d'elle. je ne comprends pas. je penche la tête. je ne demande pas pourquoi.
je le laisse s'approcher un peu plus. il sort un film violet et le brandit en l'air et là, il me parle de lune violette. je le détourne, me plante dans son dos pour regarder par-dessus son épaule.

la lune est violette et je souris.

et puis, le film se perle d'un millier de gouttes et c'est comme regarder à travers une vitre teintée. l'image est belle, elle m'inspire. mais sa question coupe mes élans. mon souhait. là. tout de suite ?
je n'hésite pas vraiment. je n'ai qu'un souhait, depuis toujours.

l'air plus sérieux, peut-être plus grave, je ne sais pas, j'observe l'horizon et fourre mes mains trempées dans le fond des poches de mon manteau.

- je veux qu'on se souvienne de moi. j'avoue, de but en blanc. quel est l'intérêt de vivre, sinon ? je lève les yeux vers le ciel. on naît puis pour devenir une autre brique dans un mur. j'ai un frisson. j'ai froid. non. j'ai peur. et si c'est ça, vivre, je n'en veux pas.

je soupire et je ricane même.
je me retourne vers lui. il doit vraiment être congelé. je me sens un peu mal alors je me rapproche de lui et sors de mon sac la veste de mon uniforme scolaire pour la lui mettre sur les épaules. je lui tends aussi le parapluie.

- lim-san, vous pouvez remettre en l'air le film ? lorsqu'il s'exécute, j'en profite pour brandir mon appareil photo. tenez-le avec les deux mains, vers la lune, comme vous avez fait. et ne bougez pas.

je recule, me plante légèrement derrière lui, sur sa droite. je vise. je peux voir ses deux mains tenir une lune dans une cage violette, au-dessus d'une ville qui brille de jaune et de bleu.

clic.

- voilà. vous tenez entre vos mains la seule lune violette de notre univers. je lui tends l'appareil pour qu'il puisse observer le cliché. pour toujours.


Dernière édition par Sen Hara le Ven 22 Jan - 1:05, édité 1 fois
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