Noooon, nooooo waaaaaay.

T’exploses de rire mais tellement que t’es sûr que tu vas finir par cracher toute ta salive et ton estomac et même tes tripes. Il est là, à s’écarter les fesses comme si soudain la buanderie se troquait contre un institut esthétique - ou pire, un donjon sadomasochiste - sérieusement ? Sympathique vue - un oignon et du gazon. Oklm, tu feras de beaux rêves cette nuit. Il va falloir que tu songes à voir un psychiatre, mais seulement parce que tu veux qu’on te dise que ces choses là arrivent, que des amis pareils, ça n’existe pas juste dans des comédies américaines salaces.

J’sais pas si j’ai envie en vrai. Est-ce qu'un sataniste serait pas du style à te laisser comme t'es ? Tu te penches, tu le fixes, face to face, avec ton vieux sourire mesquin et moqueur qui dit qu’il va en chier - enfin pas littéralement sinon on atteindrait des sommets niveau saloperie. En tous cas je l’fais pas gratis. Tu me devras une faveur et t’inquiètes que j’ai la mémoire d’un éléphant, j’oublierais pas. Impossible, pas avec ce qui s’imprime sur ta rétine présentement.

Tu remontes tes manches, celles que t’as pas, tu te postes bien derrière, tu plaques tes deux mains sur le plug et…Tu l’enfonces un chouya plus. Wow, c’est comme mettre un doigt dans du beurre mou. >Oopsie ! Tu le retires ok - … Et tu le renfonces. Oopsie, oopsie. Allez, c’est la bonne. Tu le retires...tu l’enfonces…tu le retires… Bon, je vais pas écrire cent fois la même chose alors je résume : tu fais des allers retours. Ouais, t’en fais genre encore cinq ou six, juste parce que ça te fait vraiment kiffer d’être le top (par procuration en silicone mais osef). Puis c’est pas Sadao qui va s’en plaindre, si ? Ça m’excite, je crois que je viens de me découvrir un fétichisme de dom du plug.

N’empêche la nuit elle va pas vous attendre alors ton pied tu le prendras plus tard - puis tu rougis, mort de gêne parce que tes mots coquins viennent de rebondir contre ta conscience et tu te sens un peu sale d’un coup. T’as pas la même tolérance extravertie que ton camarade, c’est clair.

Lim Miyu, 412 ans, s’assume sexuellement une fois sur trois.

Voilàààààà ! Tu brandis le machin en l’air comme un trophée avant de le planquer entre des draps sur l’étagère à côté - ça fera une surprise aux femmes de ménage. P’têt même qu’elles s’en serviront, qui sait ? Bon, on dégage maintenant. Tu dis, en réajustant ta jupe, tes cheveux et en te pimpant les lèvres d’un gloss rouge pailleté senteur framboise. Si tu rencontres pas ton prince charmant ce soir, tu rencontreras peut-être un accro de la framboise.

Dehors il fait froid, l’air est humide et y’a trop de vent. Va falloir activer vos gambettes pour trouver une boîte de nuit. Dans ce quartier de riche, y’en a à foison en principe - reste à tomber sur celle où vous pourrez rentrer sans problème. Pour l’instant tu restes planté devant l’hôtel, crispé comme un pruneau pour éviter de claquer des dents et donc de te faire davantage remarquer.

J’arrive pas à penser, fais le pour nous. Active ton flaire de fêtard et emmènes nous quelque part ! Il est un peu redescendu sur terre, non ? Il devrait en être capable - inch’allah. D’ailleurs, t’as toujours pas eu ta dose toi - ça te ferait pas de mal un petit rail histoire de se réchauffer la carcasse, tout ça. Il te reste un meuj ou faut se ravitailler ?

Tu mates d’un coin de l’oeil le dealer qui vous attend devant l’entrée de la boîte. Y’a une paire de nanas bien gaulées qui se pendent à son cou pour qu’il se pende mieux à leurs fesses. La blonde elle porte un chemiser rose une jupe rose des collants roses un bandana rose, c’est un flamant rose - tu dirais pas non à baiser avec elle, si u n’étais pas intimement persuadé qu’elle est du genre à brailler comme génisse en couche. Y’a de vagues effluves de sueurs, d’alcools, de pisse et celle plus douce, du bitume mouillé par une pluie fraîchement disparue qui tapinent à l’orée de ton nez.

Tu regardes Sadao s’enfiler tes cousins, soupires, hausses les épaules et lui piques un pochon de coke. Sans faire dans la dentelle, tu y plonges un cure-dent - oui, il faut toujours avoir des cure-dents sur soi - et amènes un minuscule monticule à portée de ton inspiration. Six fois, tu répètes le manège pour le conclure en beauté par un râle extatique et un sautillement impatient. Ça y’est, t’as la poudreuse qui gravite sous tes orbites et le vice qui aboie sous tes pores. T’as envie de boire jusqu’à ne plus pouvoir vomir que de la bile, t’as envie de danser à en perdre haleine, t’as envie de suer parmi la foule, t’as envie de lécher des langues, t’as envie de te faire baiser dans un coin, t’as envie de te perdre dans les limbes et de jouir de la poésie de gosses paumés.

Tu chopes ton acolyte par un bras, fiché d’un sourire béat prêt à décrocher tes lèvres et péter tes dents et vous traînes vers le dealer. Il n’a pas lésiné sur la marchandise et mérite bien une gâterie - offerte sous la forme d’un baiser aussi vorace que soudain qu’il entrecoupe d’un aboiement rauque avant que tu ne l’achèves en suçant son lobe gauche. T’inquiètes chéri, c’est que l’amuse-gueule. Il se gausse par avance et vous suit à l’intérieur.

Les jeux de lumières sont semblables à des lucioles, prises de frénésie, elles se coupent, elles se volent, elles se tuent, elles se raniment - vertes, jaunes, bleues, vivaces. Elles implosent au noir de tes rétines et t’invitent à la décadence la plue féroce. Y’a des seins qui quittent leurs linceul de fortune, débardeurs trop larges et décolletés trempés, y’a des croassements de concupiscence qui s’échappent de ceux que l’alcool a totalement engorgé, y’a des grondements de joie factice et de plaisir engoncé de meth, de sexe et de tabac. La musique couve ce ventre grouillant d’un épais ciel invisible et impérial - excluant calme, paix, sérénité et tout autre étendard pouvant relier son royaume au monde réel.

Tu te meus comme un serpent parmi les chairs et les tissus, entraînant Sadao dans ton sillage pour mieux t’agripper à ses hanches au premier martèlement des enceintes que tu parviens à capter, te faisant l’effet d’un ras de marée, d’une houle lourde et grasse. Vous n’existez plus que pour cette masse, que par cette masse, que dans cette masse. Le dealer se joint à vous, glisse une main sous ton haut et découvres le glabre de ton torse - et c’est un soupire de chatte que tu feules dans la nuque de Sadao, préférant la chaleur moite de celui-ci à celle plus piquante et salée de ton assaillait. Or à peine s’égare t-il à l’horizon de ton bas-ventre que la foule vous sépare, l’entraînant sur des rivages plus charnues et roux. Elle est belle, il ne perd pas au change. Tu glousses, coupable du ravissement de n’être plus qu’à deux.

T’es tellement beau quand tu t’fous en l’air… - que tu murmures, cherchant des trésors inexistants dans les mèches de ses cheveux, sur l’épiderme plus ferme de ses épaules contre lesquelles tu roules, tu roules ton visage, ton nez, tes paupières, tu roules, tu roules, tu roules. La houle vous ballotte, vous noie et toi tu roules - y’a des pieds qui se superposent aux tiens, y’a des rires qui traversent votre étreinte, y’a le ciel invisible et impérial qui vrombit sous tes côtes. Tu te mets à sauter, à ouvrir la bouche pour accueillir les vapeurs âpres qui vous jalonnent.

Je frémis, tu sens, tu sens comme je frémis, tu sens, tu sens ? Je sens, je sens tout, je sens tout… De gauche à droite, de droite à gauche, ta tête oscille, ta tête vacille, ta voix se perd, ta voix se trouve - et t’imprimes sa belle gueule, sa présence qui suinte des murs, tu vois que lui, sa belle gueule, mais y’a les autres, tu vois les autres, mais y’a que lui, et y’a les lucioles vertes, jaunes, bleues, vives qui décolorent sa silhouette, sa belle gueule, et y’a la houle, et y’a la fièvre.