Tu as débarqué dans un monde qui aurait probablement mieux tourné sans toi et tout ces gens qui s'entassaient dans le gymnase. Parmi tout ces visages qui défilaient à longueur de journée, tu peinais à réaliser que tu étais chanceux dans ton malheur. Tu étais submergé par tout ce qui s'imposait à toi, par toutes ces choses que tu devais accepter mais que tu n'arrivais pas à pleinement assimiler. Tout te paraissait trop difficile depuis qu'ils t'avaient expliqué qu'il n'y avait pas de demi-tour possible, depuis qu'ils étaient restés muets plusieurs secondes avant de te répondre lorsque tu avais pleuré après tes parents. Ils avaient essayé de te rassurer en te répétant que ta famille serait certainement bientôt là. Du haut de tes onze ans, tu n'étais pas totalement dupe. Tu entendais et voyais ce qu'il se passait autour de toi. Même si tes parents apprenaient la raison de ta disparition, tu avais remarqué que beaucoup de monstres avaient tout oublié du Makai, à tel point que tu avais souhaité qu'ils ne se lancent pas à ta recherche.

Qu'aurais-tu fait si tu avais retrouvé ton père et ta mère sans qu'ils ne sachent qui tu étais ?

Tu suscitais la compassion, mais c'était trop pour toi. Tu recevais trop d'attention. On te demandait trop souvent comment tu te sentais sans te laisser assez de temps que pour réfléchir. Tu avais l'impression d'être un imposteur, d'être pris en pitié sans le mériter alors que d'autres étaient moins bien lotis que toi qui avait traversé en même temps que deux Kasha. Tu avais pris l'habitude de fuir pour te cacher dans des endroits improbables. Égoïste par accident, tu voulais juste souffler sans réaliser l'inquiétude que tu créais en agissant ainsi. Tu refusais même parfois de te montrer lorsque l'on t'appelait si cela ne venait pas de l'un de tes deux amis de Makai.