SEVENTHSENSE

Date d'inscription : 24/01/2019

SEVENTHSENSE

OPEN YOUR EYES QUIETLY OPEN YOUR EYES

Y a des coups de coude qui se perdent entre ses côtes, ainsi que des rires parfumés à l’alcool qui s’évaporent dans les airs. Ça fait déjà un moment qu’ils sont perchés au comptoir ces drôles d’oiseaux, sondant le monde de discussions triviales au goût de l’adolescence. Il n’y a pas grand monde au bar habituel ce soir, juste de quoi construire un joyeux empire au son de verres qui s’entrechoquent dans la nuit. Les épaules accaparées par le bras d’un compère, Akira est surement celui qui parle le plus fort, chahutant d’ailleurs bêtement avec un des autres garçons qui s’essayait à piquer sa boisson pour en toucher le fond. Ce genre de moment était une réelle catharsis pour lui, un aparté entre sa routine boulot/dodo au son de cloche aliénant. Ça lui donnait le temps de s’isoler dans sa bulle, quitte à s’échapper en la remplissant d’avantage de substances illicites et de lendemains à la gueule de bois.

L’important était l’instant présent
et de se sentir comme les rois d’un monde défiguré.

Ces gars là, il ne les connaissait pas très bien. Deux d’entre eux étaient d’anciens amis de son lycée, et pour les deux derniers, ils représentaient plus les potes d’un ami qu’il aurait croisé vite fait à l'occasion. Cependant, ça ne lui enlevait rien à l’amusement, ni même à l’échange qui allait de bon train entre eux. Tapant lourdement contre le bois abîmé du comptoir d’une main leste alors qu'il s'égosillait plus encore, Akira se mit à sentir l’écoulement de la liqueur faire des ronds sur son palet. Il se décida donc à s’enfoncer dans une vanne très déplacée sur son patron au konbini pour renforcer la légèreté (et la bêtise) du moment. Toutefois, alors qu’il pensait faire plein carton, son fou rire solitaire fut largement ignoré. « … Ouais, t’as pas tort, elle est pas mal gaulée. » cette remarque a le don de le couper dans son élan, tant et si bien qu’il pivote sur sa chaise pour voir qui était cette fois-ci au centre de l’attention. « Tu déconnes ! Elle est carrément bonne, ouais ! » Vers le fond de la pièce se logeait un couple qui paraissait rechercher un peu d’intimité dans leur rendez-vous. Raté, puisqu’ils devenaient aussitôt le sujet de conversation mouvementé de jeunes garçons impolis.

Il y eut encore quelques ricanements teintés de compliments malappris. Akira, soudainement muet, avait simplement la pertinence de fixer la demoiselle par dessus son verre à nouveau plein. Ces vautours n’étaient pas aveugle sur le buffet; Elle était jolie, et même élégante contrairement à son partenaire. Son silence fut cependant rapidement appréhendé , si bien qu’on lui lança pour son plus grand malheur un « Ça y est, Akira matte aussi. » le blond ancre violemment son verre sur la table. Parler de filles, il savait, mais il y avait toujours un petit quelque chose qui faisait frétiller ses nerfs « Ouais ? Vous le faites tous, y a quoi ? » « Y a que tu as l’air vachement plus intéressé que nous, pour une fois. T’as qu’a aller prendre son numéro, j’pense qu’elle larguerait sans hésiter le loser qui l’accompagne si elle en a l’occasion, haha ! » Un bon vieux rire collectif se fait entendre, même s’il n’est pas assez conséquent pour étouffer l’idée grossière qui venait de germer. Qu’il aille demander son numéro ? Très vite, ça sonnait comme un défi. Les autres garçons reprenant cette étincelle de génie en tout narguant le jeune homme, il ne fallut que quelques secondes pour atteindre sa fierté de jeune mâle fougueux.

S’il pouvait le faire ? Oui, bien sûr.
S’il y arriverait ? C’était une autre histoire.

Après quelques minutes d’encouragement, le concerné descendit de son trône, le coeur à chaud. « Choppe la ! » lui confia t-on, suivit d’un « Baise la ! » Un peu plus discret mais pas moins hilare. Se tournant à peine pour lancer un regard à la fois espiègle quoique contrarié, son pas se fit assuré lorsqu'il traversa la pièce.

Ce qui est bien quand on s’appelle Akira Ryuzoji, c’est qu’on a généralement aucune honte à aborder les jolies filles avec l’effervescence d’un ksos bas de plafond. Aucune pudeur, un cruel manque de considération de l’autre mais aussi un trop plein d’orgeuil. Le jeune lion fit luire le peu de crinière blonde qu’il avait sur le crâne avant de se planter à côté des tourtereaux, dégainant son flegme. « Salut. » Bien entendu, il n’accorde même pas un regard vers l’accompagnateur. Elle était encore bien plus attrayante de près. « J’t’ai vu depuis le comptoir, et du coup, j’voulais te dire que t’étais super jolie. Difficile de pas te remarquer, on ne voit que toi ici. T’es vraiment canon. » Akira ne sait pas si son rencard allait dire quoi que ce soit à son approche aventureuse. De toute façon, il enchaînait, posant ses deux mains sur la table où ils étaient assit pour se pencher légèrement vers la muse, tirant un sourire enjôleur de sa poche « Tu veux pas lâcher ton mec et venir boire un truc avec moi ? C’est moi qui paye. Et promis, j’suis pas ennuyeux comme type, j’te ferais passer une bonne soirée. » Et cette fois-ci, il glisse un regard vers l’homme. Il joue une parcelle d’un territoire inconnu, mais il tente sa chance, qui sait.

love u <3

Date d'inscription : 18/01/2019

on laisse pas

BÉBÉ DANS UN COIN

Depuis ce matin, Lim, tu t’ennuies. À chaque heure passée, le temps t’a raillé en te rappelant combien il peut être lent et injuste lorsque rien ne se passe d’affriolant autour de toi. Le seul événement qui t’a arraché un sourire - un fou rire même - se rapporte à la chute d’un passant sur une crotte de chien dans la rue, cet après-midi. Il était 14h, tu sortais de chez le coiffeur.

Là, présentement, tu es attablé face à un homme tout aussi ennuyeux que l’ennui lui-même. Il est mal rasé, il sent la bière, il parle fort, il emploie des mots savants avec erreur pour se donner l’air instruit, il mange ses nuggets imbibés d'huile avec ses doigts, il a du ketchup sur le menton. Tu soupires, ne masquant nullement ton désarroi et ton total désintérêt pour ce qu’il raconte - apparement, il est sujet d’un week-end pêche avec un collègue de travail.

Il te paiera le double de ce qu’il te doit, tu inventeras une excuse - c’est plus cher en soirée, tu as besoin d’argent, il aura un cadeau la prochaine fois - blablabla. Il faut bien compenser sa nullité, non ?

Tu balades tes yeux de table en table, cherchant l’animation à jalouser. C’est la joyeuse et bruyante compagnie de jeunes hommes, au comptoir, qui retient un instant ton attention. Ce que t’aimerais les rejoindre - ce que tu leur en veux de prendre du plaisir.

Trésor, tu m’écoutes ? Mister nuggets t’interpelle, agitant ses mains poisseuses sous ton nez. Tu le fustiges d’une moue contrariée. Ai-je le choix ? Il se confond aussitôt en grommellements. Si son orgueil outré l’occupe le temps que tu trouves une nouvelle excuse pour t’évader : tant mieux.

À croire que ta bonne étoile ou un dieu emplit de compassion t’a pris en pitié, Lim, parce que ton excuse vient d’arriver sous la forme d’un joli blondinet. Tu le reconnais comme membre de la joyeuse compagnie du comptoir. Le truc, c’est que si tu te fies à ses paroles de dragueur téméraire et à ton intuition : il te prend pour une nana.

Une méprise qui t’est familière. En même temps, avec ton pantalon noir moulant comme un gant de chirurgien et ta blouse rouge aussi fleurie qu’un napperon anglais - la susnommée méprise est facile. Tout de même, un compliment reste un compliment et t’en rougis de plaisir.

Trêve de badineries.

Tu te fends d’un immense et brilliant sourire, te lèves, non tu bondis, et enroules tes bras autour d’un de ceux du preux chevalier. Je serais très heureuse ! Tu me proposerais une trempette avec des alligators que je le serais tout autant ! Rien ne peut être plus ennuyeux que ce Mister Nuggets. C’est quoi cette voix fluette ? Ok. Tu peux bien jouer le jeu. C’est drôle !

Y’en à un qui rit jaune - en partie parce qu’il bave de la moutarde. D’un battement de cils à la Miss Tepu, tu le congédies. Au moins t’auras que le repas à payer. Vois le côté positif ! À peine s’apprête t-il à t’insulter de tous les noms que tu files en direction de la table la plus lointaine et opposée. T'es à deux pas de te manger le mur tant t’as du mal à calculer la distance d’arrêt qu’il te faut pour freiner tes élans de sauterelle.

Dos courbé, bouche béante, tu reprends ton souffle et manques de l’exterminer pour de bon lorsqu’un fou rire, second du nom, te tord subitement les boyaux. Entre asphyxie et adrénaline, faut choisir Lim. Sa tête mon Dieu, on aurait dit un cochon passé au sèche-linge ! Tu recouvres ton calme en t’asseyant sur la banquette, les joues mordues de chaleur.

Tu t’appelles comment ? Moi, c’est Lili. Han la facilité, t’as pas honte ? En tous cas, je suis flattée que tu me trouves canon. Je te retourne le compliment. Un garçon si beau et sans copine… Elle est où l’anguille ? C’est vrai, ça ne court pas les rues les preux chevaliers sexy sans anneau sur l’annulaire ou concubine pendue au cou qui en plus s'adoubent sauveteurs façon Johnny veut Bébé - oui, t'adore Dirty Dancing.

C’est bien ta veine Lim !
Enfin, ça l’est tant que tu restes Lili.

ft. akira